Projet 57

Bruno Coiffard

Bouchemaine 69

J’étais p’tiot, deux ans et demie à peine, mais je me souviens encore. 

Une fin de matinée 69 bien arrosée par le paternel, 16, 17 heures, le moteur de la Renault s’envola, à la première intersection, je suivis le même chemin, brisais le pare-brise qu’une bonne partie de mon visage teinta de carmin.

Mon père, sur la chaussée, claudiquait, les genoux écarlates, alors que mère tentait, les arcades voilant le bleu de ses yeux, de saisir le pouls de celle qui dans quelques mois serait ma sœur. Quand à moi, je restais éveillé jusqu’au bout et tentais d’ôter désespérément les sutures qui parcheminaient mon visage, mains et poings liés, ce n’était que les prémices… Bouchemort

L’œuvre s’appelle Bloody road : Same player shoot again, le Diable joue sur son Flipper Macadam et remplit ses cases de conducteurs inconscients. Aller Direct pour l’enfer sans passer par la case Purgatoire. 

Celine Barnabe

J’ai accepté de participer au Projet 57, car il me semble important en tant qu’artiste de pouvoir se positionner quant à certaines problématiques de société. Nous avons le pouvoir de questionner, voire de persuader l’autre par l’émotion, … ça a été en tout cas mon approche pour ce projet.

Par ailleurs, ma participation m’est apparue comme une évidence dans la mesure où moi-même j’ai été victime d’un accident de la route à 15 ans (renversée par une voiture, sans séquelle heureusement).

J’ai choisi d’aborder la question de l’amour après l’accident via mes CHOU’CHOU. Deux personnages câlins que j’ai inventé, qui n’ont ni âge, ni sexe, ni couleur de peau, par lesquels tout un chacun peut finalement se reconnaître.

Un triptyque (trois dessins) épuré noir, blanc, rouge réalisé avec un feutre Posca noir et un crayon de couleur rouge. La profonde tristesse palpable dans ces œuvres, associée à la notion d’amour, permet à ceux qui les regarde de se questionner quant aux multiple conséquences d’un accident (physiques, psychologiques, affectives…) mais aussi de se projeter. 

Olivié Lafleur

On est tous malheureusement touchés par les accidents de la route en Guadeloupe, on a tous perdu un proche ou une connaissance entre les copains tombés au lycée sur leurs deux roues ou plus tard durant notre jeunesse en voiture... C'est une véritable tragédie qui sans cesse est un renouvellement tragique chaque année où rien n'a l'air de changer ! 57 comme 57 morts de plus, de trop en 2016, mon oeuvre montre ces 57 âmes qui flottent comme autant de cœurs illuminés dans l'espace au milieu des étoiles au dessus de notre planète où la Guadeloupe est elle aussi représentée par un cœur vibrant en retour... Un lien sensible et invisible, d'Amour entre les êtres disparus trop tôt et ceux restés en vie...

Jerome Jean Charles

Lorsque que j'ai été sollicité pour participer à ce projet j'ai tout de suite adhéré.  L'hécatombe sur les routes de Guadeloupe  en 2016 nous a tous émus, d'autant plus qu'en tant qu'usager de la route nous sommes tous concernés. 

L'oeuvre que je présente s'intitule "L'autre Chemin". C'est celui qu'emprunte nos chers disparus pour une destination qui nous est encore inconnue. La rose blanche est une manière d'apaiser la douleur et d'avoir l'espoir que ce chiffre de 57 victimes ne soit plus atteint.